Paru en 1998, l'ouvrage de Marie-France Hirigoyen "Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien" a "fait un tabac" : 400000 exemplaires en France, traduction dans 21 pays.

Forte des retours d'expérience des lecteurs et de la continuation de ses travaux, l'auteur revient sur le sujet. Cette fois-ci, elle précise la notion de "harcèlement moral" qu'elle constate avoir été mise à toutes les sauces. Il faut, dit-elle, distinguer pression, stress, harcèlement...

Marie-France Hirigoyen distingue ce qui est du harcèlement et ce qui n'en est pas, ceci formant plusieurs sous catégories : ce qui n'est pas du harcèlement même si les apparences sont trompeuses (malentendus et erreurs de management, mésentente, troubles psychiatriques transitoires), ce qui est destructeur mais pas forcément malvaillant (transmission du stress, anxiété névrotique, dirigeants caractériels, chefs paranoïaques, personnalités obsessionnelles), ce qui est malveillant mais pas toujours conscient (le harcèlement par intrusion, ceux qui suivent la perversité du groupe, les personnalités narcissiques).

Si le harcèlement moral émerge plus généralement dans des contextes particulièrement soumis au stress, ce n'est pas l'excès de travail qui crée le harcèlement moral mais "une ambiance de travail où il n'y a pas de régulation interne", où le pouvoir des chefs est sans limites.

Seuls ceux qui considèrent que le grand capital est le seul ennemi des travailleurs s'étonneront de découvrir que bien des milieux sont plus favorables au harcèlementmoral que lagrande entreprise. Pour des raisons différentes, PME, fonction publique et organisations non gouvernementales sont particulièrement touchées : lorsque les soupapes de la mutation et du départ n'existent pas, le harcèlement peut perdurer... Et dans une organisation traditionnelle et répressive, on voit plus de conflits directs que dans un management participatif et libéral "jouant sur la séduction et l'adhésion aux valeurs" où les conflits sont plus intériorisés.