Autorisée par la numérisation des réseaux de télécommunication, la convergence des technologies de la communication se traduit par une intégration de plus en plus poussée des services informationnels sur un même support. Moteur de cette intégration, la rationalité économique de notre modèle de développement postindustriel incite les concepteurs de systèmes techniques à incorporer les nouvelles technologies de l’information de façon systématique à l’ensemble des processus de production. Figure emblématique de la modernité, les « autoroutes de l’information » constituent la représentation médiatique la plus achevée d’une intégration totale des différents systèmes technico-économiques, qu’impose une conception radicale du libéralisme économique.

Mais l’innovation technologique et le déploiement de ces infrastructures à vocation globalisante s’accompagnent de l’émergence de risques technologiques d’un caractère nouveau. En effet, que le risque soit de nature technique ou comportemental, que son origine soit accidentelle ou malveillante, la part d’aléas introduite par les nouvelles technologies de l’information dans l’activité de ces systèmes techniques présente souvent un potentiel d’incidences majeures en termes économiques ou sociaux, en raison du pouvoir démultiplicateur des technologies de réseaux.

Il convient donc d’identifier ces risques, d’en analyser la portée, d’étudier la vulnérabilité des systèmes techniques existants. Voici déjà plusieurs années que Philippe Rosé et Jean-Marc Lamère se consacrent à l’analyse des risques informatiques. Leur dernier ouvrage intitulé « Menaces sur les autoroutes de l’information » poursuit cette entreprise, d’une part en nous fournissant les matériaux les plus récents, préalable indispensable à toute réflexion dans un champ particulièrement évolutif, et d’autre part en dressant une typologie des risques encourus. C’est ainsi que sont examinés successivement l’impact des risques informatiques dans les différents secteurs de l’économie, de l’emploi, de la santé et de l’éducation. Est également étudiée l’influence des nouveaux outils du contrôle social comme la vidéosurveillance sur l’organisation du travail et les différents domaines de la sphère privée. Concernant la sphère publique, l’ouvrage met à jour les menaces dont sont porteuses les nouvelles technologies du chiffrement au regard de l’exercice des droits individuels et collectifs quand bien même ils s’exerceraient au sein d’une hypothétique démocratie électronique.

La rationalité économique à l’oeuvre vise bien sûr à une maîtrise des coûts directs ou indirects liés à de tels aléas et les logiques régaliennes de contrôle social s’emploient également à en limiter les effets pervers. Pour autant, concernant la maîtrise de risques technologiques considérés désormais comme majeurs, les citoyens que nous sommes peuvent-ils s’en remettre à la loi du marché et aux initiatives de la techno-structure ? Non, car le débat qui s’instaure dans l’espace public sur la nécessaire maîtrise des risques technologiques impose des choix de société ! Et cet ouvrage y apporte une contribution technique fort appréciable dans le domaine des nouvelles technologies de l’information.