Paul Santelmann propose dans son livre un état des lieux de l’action ou de l’inaction du syndicalisme et un plaidoyer pour une refondation du syndicalisme. Le ton est donné dès l’introduction car pour l’auteur la crise du syndicalisme est installée depuis plusieurs décennies et alimente un dialogue social artificiel et convenu auquel la grande majorité des salariés et des citoyens ne prête plus attention. La cause est entendue puisque la décrépitude du syndicalisme tient dans la multiplication de directions confédérales hypertrophiées mais à faible valeur ajoutée et des fédérations et syndicats condamnés à une autonomie fictive et à l’isolement.

L’auteur, dans son plaidoyer, propose un printemps social que nous devons aux nouvelles générations et à notre démocratie. L’état des lieux, l’essentiel du livre, passe en revue les relations de l’Etat et des organisations syndicales avec un très net penchant à dénoncer le paritarisme et son institutionnalisation. L’auteur insiste sur le dialogue social et de conclure qu’il est urgent pour les syndicats de renouer avec la conviction de la valeur du travail bien fait et de l’engagement professionnel. Au chapitre 9, intitulé "Nouveau pacte éducatif et social", il avance l’idée d’emplois réservés dans l’économie sociale et solidaire pour tous les salariés ayant été confrontés à des conditions de travail difficiles en fin de carrière.

Dans l’enjeu de l’économie verte, P. Santelmann appelle les syndicats à proposer de nouvelles cultures et identités professionnelles moins enfermées dans les traditions productivistes et technicistes. On regrette au passage que l’auteur, praticien et expert des évolutions du travail, ne se soit pas appuyé sur les réalisations concrètes et les débats à l’intérieur des organisations syndicales pour mesurer et apprécier les évolutions du syndicalisme. Il conclut son plaidoyer en invitant les syndicats à réinvestir les transformations du travail sans conserver les pratiques et les cultures du néo-corporatisme public.