1. Peut-on encore s’opposer au monde d’Arthur Mensch ?

 L’audition du CEO de la start-up française Mistral IA, Arthur Mensch, à la commission des affaires économiques du Sénat français, le 22 mai 2024, donne quelques sueurs froides quant au niveau de compétences de notre représentation nationale sur l’un des sujets les plus importants de notre époque : l’Intelligence Artificielle. Presque tous les sénateurs du jour déclareront en préambule de leur intervention 1) être fascinés par la réussite de l’entrepreneur, 2) ne rien connaître à l’Intelligence Artificielle, et 3) attendre que le CEO d’une start-up d’à peine 50 salariés leur donne le chemin de la régulation à suivre en la matière ; que faut-il faire, monsieur Mensch ? Aidez-nous à réguler votre secteur d’activité ! L’une des auditrices du jour, la sénatrice UDI de la Côte d’Or, reprendra même l’ingénieur à ces mots : « Moi je suis ravie d’entendre que vous n’attendiez pas grand-chose des politiques, je trouve ça plutôt sain, et je pense que c’est nous qui attendons davantage de votre part ». Alors Arthur Mensch s’exécute et partage ses recommandations en matière de droit du travail, d’investissement dans la recherche, de financement des entreprises, et même d’éducation. Ainsi soit-il pour faire de la France un Champion de l’IA. La représentation parlementaire a-t-elle vocation à être une chambre d’enregistrement des recommandations politiques d’un entrepreneur-informaticien de 31 ans ? On en regretterait presque la terreur qui règne lors des auditions au Sénat américain ; les Arthur Mensch d’outre-Atlantique que sont les patrons de Meta, X, Snap ou TikTok y passe un moment autrement moins agréable.

Une fois établi que le tapis rouge est déployé à la start-up nation depuis le gouvernement jusqu’au Sénat, intéressons-nous au projet de société dont Arthur Mensch est le promoteur. L’Intelligence Artificielle y fait évidemment fi