Ce numéro de la revue Cadres est consacré à la retraite des cadres. Un sujet difficile d’accès que nous nous sommes efforcés, tout au long du dossier, de rendre plus simple et intelligible en intégrant un glossaire et des focus explicatifs. L’effort de compréhension en vaut la peine. D’abord parce que la retraite des cadres nous concerne tous, nous adhérents cadres de la CFDT, que la retraite soit éloignée ou proche, notre système de retraite par répartition étant financé par les actifs. Ensuite parce qu’il permet de mieux comprendre un système de protection qui est au cœur de notre modèle social. Ce système est aujourd’hui bousculé, l’allongement de l’espérance de vie rendant périlleux le maintien des équilibres financiers de la retraite à moyen terme.

Le dossier de ce numéro traite entre autres de la retraite complémentaire des cadres du privé (Agirc-Arrco). C’est un système de retraite par répartition, comme notre régime de retraite de base ; mais à la différence de ce dernier, c’est une retraite calculée en points. La retraite complémentaire représente une part conséquente du revenu des retraités : en moyenne plus de la moitié de leurs revenus. Or, le choc de la crise de 2008 a mis à rude épreuve ces retraites complémentaires. Les réserves ont fondu et sans aucune mesure, le régime pouvait faire faillite dès 2017. Grâce à l’accord signé en mars 2013 par les partenaires sociaux, le régime des retraites complémentaires évite cette faillite à moyen terme. Ce sont les retraités qui seront principalement sollicités pour mettre les comptes à flot : pour les trois années à venir, la revalorisation du montant de leur retraite sera plus faible que l’inflation. Mais il ne faut pas se leurrer, cet accord ne résout pas le problème structurel de déficit, il décale seulement de quelques années l’échéance d’une faillite annoncée.

On touche ici au cœur du problème de notre système de retraite complémentaire et général. Pour qu’il soit pérenne, il faut le remettre à plat et le réformer en profondeur. Pour le dire autrement, on ne peut plus se contenter de mettre des rustines sur un système qui, par son fonctionnement même, est condamné aux déficits du fait de l’allongement de l’espérance de vie. Des pistes existent pour réformer les régimes complémentaires (voir l’article sur la réforme de l’Ircantec) et le régime général (voir le focus sur la réforme suédoise).

Maintenir le système actuel sans le réformer, c’est consacrer les inégalités de redistribution qui continuent à favoriser les carrières linéaires, typiques des Trente Glorieuses, au détriment des carrières fractionnées et féminines.

Pour sauver les retraites complémentaires et le système de retraite par répartition en général, c’est une réforme de grande ampleur qu’il faut engager. Les enjeux sont de taille : il s’agit à la fois de préserver le régime par répartition et rendre le système plus juste. La CFDT milite en ce sens depuis plus de dix ans comme le rappelle Jean-Louis Malys dans son article.

Une grande réforme des retraites doit être préparée à l’automne 2013 par les partenaires sociaux et le gouvernement. Espérons que cette réforme sera à la hauteur des enjeux.