Bonne nouvelle pour les salariés. Terminés, le journal interne brillant de mille sourires, le réseau social permettant soi-disant de pallier aux échanges réels, les notes descendantes qui consignent l’activité et les changements attendus. Si la communication interne se réinvente, c’est parce que l’heure est à la recherche d’échanges sur le travail, d’un exigeant management des coopérations, d’un parler-vrai qui ne masque ni les conflits, ni les difficultés, ni les potentialités.

Le livre a la légitimité des professionnels s’interrogeant sur leurs pratiques et donc sur la responsabilité de leur métier. Il résulte de nombreuses années de formations et de rencontres avec des universitaires en sciences sociales et de situations précises et réelles analysées, alors que l’univers managérial de l’entreprise est d’abord celui des sciences de gestion. Redécouvrir l’ergonomie, l’histoire, la psychologie du travail, la sociologie… : il y a ainsi de l’identité professionnelle qui émerge fortement de ces travaux, issus de l’association Afci. Les communicants internes sont en effet utiles pour comprendre l’entreprise et ses dynamiques, pour écouter et répondre aux salariés sur le besoin de reconnaissance, d’autonomie, de prévention santé, etc.

Il questionnera les acteurs de l’entreprise qui sont en interaction avec la « com’ interne » et ils sont nombreux, sans compter que l’organisation dans sa totalité la reçoit et y participe. Car la com’ n’est pas une technique, c’est un rôle dont l’ambiguïté même en fait la souplesse : valoriser des personnes et des livrables, leur faire prendre conscience de leur image et des messages qu’ils véhiculent, organiser les interactions et donc se positionner comme un rouage du management du travail, voire de la gouvernance. La communication doit en effet faire l’objet d’un pilotage, d’une stratégie, d’une mise en cohérence pour ne pas en rester à un déploiement d’outils, aussi puissants soient-ils. Un métier qui s’articule nous semble-t-il autour de trois exigences : savoir vulgariser pour transmettre, valoriser le rôle des acteurs, respecter la rigueur scientifique du sujet abordé.

Outre son aspect pratique et fonctionnel, déclinant en 9 situations le poids potentiel de la com’ interne, les travaux de J.-M. Charpentier et de J. Viers donnent des lettres de noblesse au « dialogue professionnel » dans des contextes différents : l’entreprise en réorganisation, le management de proximité, la centralité du salarié comme acteur avec les réseaux sociaux, la finalité de l’entreprise elle-même à l’heure de recherche de sa « raison d’être ».

La communication sociale vient exercer un utile appui à la communication financière : elle nourrit la com’ corporate, n’exagère pas comme le marketing puisqu’elle parle des hommes et du travail. On regrette ainsi que l’articulation avec le dialogue social demeure en creux. En somme, les fonctions supports peuvent avoir un rôle stratégique dans le management du travail puisant avec les sciences humaines une profondeur d’action inattendue.