Débarrassé des certitudes de la guerre froide et de la bipolarité, le monde fait - selon l’auteur - face à de nombreux paradoxes ou plutôt de contradictions et de citer d’entrée : la disparition de la menace mais la multiplication des conflits ; le désarmement nucléaire et chimiquemais la prolifération atomique et balistique ; le triomphe de la puissance américaine mais la multipolorisation de la planète ; la mondialisation mais l’enracinement des particularismes ; la crise de l’Etat-Nation mais la montée des nationalismes ; des regroupements régionaux mais le déchaînement des micronationalismes ; la prolifération étatique mais le dépassement de l’Etat comme acteur central des relations internationales ; l’ouverture intégrale et immédiate sur le monde grâce aux développements des moyens de communicationmais l’émergence de zones grises et de nouvelles terrae incognitae ; la curiosité intellectuelle mais le repli sur soi ; la générosité internationale mais l’égoïsme sacré ; le désir accru de comprendre le monde mais des simplifications abusives.

Tout cela rend évidemment la compréhension du monde de plus en plus difficile d'autant que dans le même temps l’image, avec sa propre logique, se développe.

Quant à l’interrogation portant sur la fin de la guerre (mondiale), la multiplication des crises depuis la seconde guerre mondiale vient, selon l’auteur, singulièrement moduler cette hypothèse. En effet, entre 1945 et 1990, cent soixante conflits se sont déroulés et auraient fait entre trente cinq et quarante millions de morts : la seule répression interne conduite par Staline a ainsi fait vingt-cinq millions de victimes.

Aujourd’hui, les conflits n’opposent plus, pour l’essentiel, les Etats entre eux mais des populations au sein de frontières étatiques communes (ex-Yougoslavie, Irlande du Nord, Tchétchénie, etc.) : « Les guerres ne viennent plus de l’unification des Etats mais de leur délitement, non plus de la soif de constituer des empires les plus vastes possible mais, au contraire, de la volonté de constituer l’ensemble le plus petit possible ». P. Boniface analyse ainsi la décennie quatre-vingt-dix comme celle des sécessions. Il constate par ailleurs que, les pays riches ne veulent plus s’impliquer trop lourdement dans les affaires mondiales, la puissance aujourd'hui n'est plus tant d'imposer sa volonté aux autres que d'échapper aux contraintes.

Bref aujourd’hui le monde connaît une crise de leadership et se caractérise par une absence de règles, de normes et donc d’ordre.

Les passages repris ici ne rendent pas pleinement compte de la richesse d’analyse de cet ouvrage qui est surtout un livre sur « l’incertitude stratégique » qui prévaut actuellement dans le monde. Il apporte, à ce sujet, des éléments tout à fait intéressants de compréhension.

Signalons des numéros spéciaux de « Liaisons Sociales » :

. Formation professionnelle : participation financière des employeurs, mars 1996.

Pour s’y retrouver dans la jungle des OPCAREG, OPACIF, versements libératoires, notions d’imputabilité... Si vous travaillez dans le secteur, voilà un bon outil.

. VRP et autres représentants de commerce, avril 1996.