Les bonnes synthèses sur l’Europe sociale et ses perspectives sont suffisamment rares pour saluer celle de Daniel Vaughan-Whitehead, un conseiller à l’Organisation internationale du travail (L’Europe à 25. Un défi social. La Documentation Française, 2005. 176 pages, 14 euros). Quel pourrait être l’impact du passage de l’Europe des 15 (UE 15) à celle des 25 suite à l’entrée des nouveaux Etats membres (NEM 10) ? L’impression globale de l’auteur ne porte pas à l’optimisme. A son sens, il y a péril pour une construction encore fragile. Il le dit sans détour : « l’Europe sociale est en danger et l’élargissement de l’UE à 25 pays pourrait bien remettre en question la survie du modèle social européen ».

On peut ne pas partager ce pessimisme et néanmoins apprécier les analyses comparatives développées dans l’ouvrage sur des sujets aussi divers et importants que le décalage économique entre l’UE 15 et les NEM 10 (PIB par tête inférieur de 75% à la moyenne de l’UE 25), les échanges économiques entre « l’Est » et « l’Ouest », les salaires et les conditions de travail à propos desquels les statistiques faisaient gravement défaut, l’emploi et le chômage, la protection sociale… Tout ceci mettant en évidence un décalage très important susceptible d’ébranler, via les délocalisations et le dumping social, les économies et les systèmes sociaux des 15.

Mais tout le problème, que n’aborde pas suffisamment l’auteur, est de savoir si la justice à l’échelon international ne passe pas par ce type de redistribution coûteuse dans un premier temps mais évidemment bénéfique à terme sur les plans tant économique que politique. Penser Europe, c’est penser loin.