Ce livre, écrit pendant ses loisirs par un ingénieur CFDT, s’intéresse à un épisode assez peu connu de l’histoire, à savoir les expéditions lancées sur les côtes de l’océan indien, de Asie du sud-est à Afrique en passant bien sur par l’Inde et l’Arabie, par les empereurs Yongle et Xuande de la dynastie Ming (Grande lumière). « Conduites par Zheng He, un eunuque musulman, les Grandes Expéditions furent parmi les plus imposantes aventures maritimes menées jusqu’alors. Au nombre de sept, elles s’étalèrent sur près de trente années, entre 1405 et 1433. Forts de trente mille hommes embarqués sur d’impressionnantes jonques de plus de cent mètres de long, les flottes chinoises atteignirent l’Inde côtière, le sud de l’Arabie et l’Afrique orientale. »

L’arrêt des grandes expéditions coïncida « avec un déclin passager mais sérieux de la Chine » qui ne devait s’interrompre qu’à la fin du XVème siècle. Le pays se replie sur lui-même, les fonctionnaires confucéens se claquemurent alors même que les marchands et les condottiere européens se ruent à l’assaut du monde. « Happée par la conjoncture, handicapée par ses rigidités structurelles, la Chine a, sans le savoir, raté une première marche vers la modernité, raté la grande opportunité des échanges internationaux ouverte par les expéditions de Zheng He. L’Europe, qui n’a pas encore creusé l’écart, loin de là - il faudra pour cela attendre la Révolution Industrielle - entame la conquête des océans tout en mettant un pied à l’étrier du capitalisme, impitoyable générateur de modernité ».

L’histoire n’est pas déterminée, nous prouve cet ouvrage. Fort intéressant par la masse d’informations qu’il apporte, il l’est aussi par les réflexions qu’il peut ainsi faire naître à propos du hasard et de la nécessité en matière d’histoire des civilisations.