Le souci de l’autre

Dans ce plaidoyer pour une « médecine humaine » se retrouvent le tact et la conviction de M. de Hennezel, connue pour ses textes forts sur la fin de vie. Psychologue à l’hôpital, l’auteur a enquêté durant deux ans dans les services. Elle en retire deux enseignements essentiels : d’abord, l’indispensable globalisation de l’approche du patient comme condition de prise en compte de l’exigence de dignité : là où il n’est qu’un corps, la menace guette. Et pourtant...! Des gestes simples suffisent parfois : « prendre une chaise ou s’asseoir au bord du lit est magique ». Tout se joue ou échoue, dans la réciprocité. Et sous ce rapport elle découvre, seconde révélation, à quel point, dans le fond, les personnels médicaux dépendent eux-mêmes du regard des patients qui peut, lui aussi, instrumentaliser, réduire à la fonctionnalité. Révélateur ce médecin bouleversé d’entendre une malade répondre à son « Comment ça va ? » : « Et vous docteur ? ». C’était la première fois que cela se produisait. La personne soignante existait enfin pleinement devant le malade souffrant. C’est pourtant si simple : « si j’exige d’un médecin qu’il m’écoute et me respecte, qu’il m’informe et tienne compte de moi, je dois de mon côté lui accorder la même attention ». Un propos inhabituel adossé à une conviction : « une humanité réelle est possible à l’hôpital ».