Cet ouvrage analyse le mécanisme des solidarités entre générations. Celles-ci sont aujourd’hui primordiales du fait de l’exacerbation de la crise qui touche tous les systèmes de protection sociale.

L’accent est mis sur la solidarité familiale qui s’articule autour de trois générations :

  • les enfants ou jeunes adultes à l’école ou au chômage, qui sont aidés financièrement par la famille,
  • les autres, génération pivot ou sandwich qui aident financièrement enfants et parents mais qui reçoivent de leurs ascendants des héritages et sont plus proches de leurs enfants et petits-enfants,
  • les retraités qui aident leurs enfants sous forme de dons et leurs petits-enfants sous forme de cadeaux, étrennes, vacances.

Les auteurs se posent la question des niveaux souhaités entre solidarité nationale et familiale et en appellent à une synergie accrue entre les deux moyens de solidarité.

La place très importante des femmes dans la solidarité familiale débouche sur un nouveau problème de société. Trop souvent, elles sacrifient leur carrière professionnelle pour l’éducation des enfants. Ayant par ailleurs une durée de vie plus longue que celle des hommes, elles se retrouvent finalement seules avec un faible niveau de ressources. La solidarité familiale trop lourde entre cette fois en conflit avec la promotion de l’égalité des chances pour les femmes.

La situation des personnes âgées devrait selon les auteurs se traduire par un partenariat accru entre aide publique et aide privée. Le constat est malheureusement fait que l’intégration des personnes âgées dans la communauté nationale n’est plus prioritaire pour les pouvoirs publics, d’où un risque supplémentaire de sollicitation accrue de la solidarité familiale. La tendance au vieillissement de la population et l’augmentation des dépenses sociales inquiètent pour l’avenir d’autant que les mesures à prendre sont difficiles à cerner à l’horizon 2020.

Les auteurs ont bien cerné l’enjeu principal qui est de savoir quelle répartition doit être faite entre l’Etat perçu de plus en plus comme défaillant et la famille qui apparaît comme le dernier écran protecteur.

Le régime de retraite constitue à ce sujet le défi le plus important pour demain. La population vieillit alors que l’âge de la retraite baisse et que la préretraite apparaît. Les régimes de retraite se trouvent en difficulté. L’envie de repousser l’âge de la retraite est tentante mais l’offre d’emploi sera-t-elle suffisante pour absorber une durée du travail plus longue ?

La solidarité publique entre générations reste intacte et ne doit pas être dilapidée d’autant que la solidarité familiale pourrait évoluer en fonction de nouveaux comportements (services, familles monoparentales, etc.). La crise de l’Etat-providence et les difficultés croissantes de la protection sociale obligent à des réformes profondes.

Pour les auteurs, le système de protection sociale et les relations entre générations ont été insuffisamment analysés par les économistes, ceux du baby boom sont les plus pessimistes sur l’avenir. Cette génération qui perd ses parents, accède maintenant au pouvoir. Elle devient ainsi la génération sandwich après avoir vécu sa jeunesse pendant les trente glorieuses. Elle craint pour sa future retraite.