Philippe Herzog critique les institutions de la France : trop délégataire et trop centralisée, notre démocratie ne permet plus de faire face aux problèmes de notre société moderne.

Au sein d'une association « Confrontations », P. Herzog, ancien du bureau politique du PCF, débat de ces problèmes avec des personnalités venues d'horizons divers : syndicalistes, sociologues, grands patrons, etc..

Les raisons de nos difficultés à sortir de la crise ne sont pas à rejeter sur d'autres, la crise est d'abord en nous-mêmes. Si la mondialisation et la révolution informationnelle sont lourdes de périls, elles sont aussi riches d'opportunités. De même si la construction de l'Europe est une contrainte, c'est d'abord une chance pour la France.

Dans ces conditions il faut entreprendre une transformation de notre société pour relever les défis. Il faut changer de méthode et faire appel à une construction neuve de la démocratie. P. Herzog milite pour une démocratie participative décentralisée. Il prône la cogestion à l'allemande mais cette idée ne semble guère séduire. J. Gandois lui répond : « Il ne faut pas être esclave de modèles préexistants, ultra- libéral, marxiste ou de cogestion à l'allemande » tout en admettant que « le pouvoir de l'entreprise ne peut plus et ne doit pas, si l'on veut être efficace, être monarchirste » et D. Cohn-Bendit « Cette idéologie rétrograde et bénifiante ne laisse pas plus d'espace que le néo-libéralisme pour l'élaboration d'une stratégie de dépassement des contradictions par la confrontation démocratique ».

Néanmoins, au-delà de la querelle de mots, des idées intéressantes sont avancées.

L'idée centrale c'est la nécessité d'instituer une démocratie participative décentralisée : « Dans une démocratie participative, chaque citoyen et chaque association disposeraient d'un pouvoir d'expression, de délibération et de contrôle dans un échange permanent avec leurs représentants, et cela du plan local jusqu'aux niveaux de décision globale ». Parmi les mesures d'urgence pour arriver à cela figure la réduction drastique du cumul de mandats et de fonctions ainsi que du nombre de renouvellements successifs.

Comment partager les responsabilités pour l'emploi ? L'auteur insiste sur les problèmes de qualification et de formation. Il reprend également des idées du rapport Boissonnat (contrat d'activité), des propositions de B. Bruhnes (des institutions facilitant les partenariats locaux). Il ne rejette pas certaines privatisations. « Il faut définir une méthode : d'abord définir les objectifs de développement et les missions publiques éventuelles ; sur cette base préciser quand et pourquoi il y a besoin d'entreprises publiques : parfois nationaliser, parfois privatiser, et le plus souvent partager les responsabilités entre opérateurs publics et privés ». A ces partenariats seraient associées des organisations sociales et d'usagers disposant de réels pouvoirs.

Cette forme de démocratie participative devrait s'étendre à l'Europe pour « former avec nos voisins une fédération qui s'appuie sur un pacte demeurant sous le contrôle des citoyens » cela nécessite la réforme des institutions à ce niveau là aussi.

Impliquer les organisations sociales au plan national et européen pose « l'enjeu de construction d'outils d'analyse et d'expertise autonomes permettant aux syndicats de produire leur propre savoir » fait remarquer J.C. Le Duigou dans sa contribution au débat. Il émet par ailleurs des idées intéressantes sur l'unité syndicale « ... c'est à une convergence structurée qu'aspirent les organisations qui doivent sortir d'une logique de solidarité identitaire pour contribuer à des recommandations fondées sur l'autonomie, l'échange, la coopération des salariés en France et en Europe. Le syndicalisme doit dépasser sa structure confédérée en crise et construire une « maison syndicale » en France et en Europe ».

En résumé, des idées novatrices qui mériteraient d'être débattues.