Jean-Pierre Mongerand est responsable du département « Organisation » au sein du groupe GAN. Il est spécialisé dans les domaines de l'aménagement et de la réduction du temps de travail.

L'auteur évacue d'emblée le côté passionné que ce sujet ne manque pas de soulever pour se positionner en technicien qu'il est de démontrer en quoi un tel projet, lorsqu'il est bien anticipé et bien conduit, peut être un moyen efficace pour les entreprises d'accroître leur compétitivité sans sacrifier l'emploi. Tout le parti pris de son ouvrage est de se placer délibérément sur le terrain de l'action et le lecteur au fil des pages ne peut qu'être convaincu que seule la connaissance mais également pour nous syndicalistes la maîtrise de ces différentes étapes permettra un passage réussi aux 35 heures. Pour chaque étape, l'auteur explicite la démarche pour y parvenir. Cet ouvrage, qui se veut avant tout pratique, fournit une trentaine de fiches outils pour aider dans la préparation, la mise en œuvre et le suivi du passage aux 35 heures.

L'ouvrage se décompose en trois parties.

. Partie 1. Se donner des points de repère et dépassionner le sujet.

Elle a pour objectif d'éclairer la route de tout nouveau praticien de la réduction du temps de travail. Elle lui permettra d'abord de définir dans sa propre entreprise un langage commun et de s'approprier rapidement le cadre réglementaire sur le sujet. Quelques exemples sur les pratiques de nos principaux partenaires donnent une vision européenne du dossier. Dans une démarche qui se veut avant tout pragmatique, l'entreprise a tout intérêt à considérer la réduction du temps de travail non plus comme une fin en soi, mais comme un outil au service d'un double enjeu économique et social. Elle doit comprendre que des solutions de compromis avec les intérêts des salariés sont tout à fait possibles, à l'image des expériences réussies dans de nombreuses entreprises. L'auteur note que des résistances au changement peuvent être fréquemment observées tant de la part des décideurs, du management, des salariés, des organisations syndicales ou de la fonction ressources humaines.

. Partie 2. Préparer la nouvelle organisation du travail.

Cette seconde partie a pour objectif de recenser toutes les étapes qui seront indispensables à mener avant la conclusion d'un accord d'entreprise avec les organisations syndicales :

  • L'engagement des décideurs : il faut leur présenter un premier diagnostic des possibilités de changements dans l'entreprise, quelques repères concrets pour cadrer le projet, anticiper les difficultés qu'il faudra surmonter et disposer de bonnes clés d'entrée notamment économiques.
  • Mobiliser les responsables opérationnels au moment de la phase de préparation d'une nouvelle organisation suppose de les associer à l'analyse de la faisabilité de tous les postes de solutions possibles et de construire avec eux différents scénarios susceptibles d'être mis en œuvre dans l'entreprise.
  • Mesurer les attentes individuelles : l'organisation du travail est un sujet qui nous concerne tous et il est important de se donner tous les moyens de mesurer à l'avance les réactions du « corps social » dans son ensemble (les salariés, les cadres et les organisations syndicales) afin de susciter l'intérêt pour le projet et constituer une base d'information fiable pour alimenter les futures négociations.
  • La conclusion d'un accord constitue un moment clé dans l'ensemble du processus de changement de l'organisation : outre le respect d'une obligation légale, il démontre la possibilité pour les différents acteurs de parvenir à un accord applicable dans l'entreprise.

. Partie 3. Mettre en œuvre la nouvelle organisation du travail

Elle a pour objectif de définir les conditions de réussite de tout engagement fondé sur un aménagement et une réduction du temps de travail.

  • La préparation du « jour J » : l'accord signé, il faut profiter des quelques semaines pour préparer le « jour J » avec l'ensemble des responsables opérationnels directement concernés par le nouveau dispositif.
  • La recherche de l'adhésion des salariés : la nouvelle organisation, négociée et validée par les organisations syndicales, acceptée et préparée avec le concours actif des managers, doit enfin être comprise et approuvée par les salariés, au risque de courir à l'échec et au rejet du changement.
  • La création d'une nouvelle dynamique passe incontestablement par le lancement dans tous les services concernés par l'ARTT d'actions visibles par tous afin d'aider les salariés dans leur travail quotidien, aider les responsables dans leur management opérationnel et se donner les moyens de pérenniser la dynamique de changement dans l'entreprise.
  • Le pilotage de la mise en œuvre car il s'agit aussi de profiter de ce changement pour mettre l'entreprise en mouvement et réussir l'adaptation permanente de son organisation aux exigences de compétitivité en s'appuyant d'abord sur les hommes et les femmes qui la composent.

Une conclusion s'impose après la lecture de cet ouvrage : la maîtrise de la négociation du passage aux 35 heures par les équipes syndicales est une condition sine qua non du succès de l'emploi à venir.