En 2020, la baisse du nombre d’offres d’emploi cadre a été moins forte dans l’ESS qu’en moyenne dans les secteurs d’activité du privé, et la reprise se fait encore attendre début 2021.

Au global, le marché de l’emploi cadre dans le secteur privé a été très secoué sous l’effet de la crise sanitaire et économique, dès le début du premier confinement en mars 2020, avec une chute de 50% du nombre d’offres d’emploi cadre au deuxième trimestre 2020 par rapport à la même période en 2019. Si le deuxième confinement ne s’est traduit que par une baisse de 17% du nombre d’offres d’emploi cadre au quatrième trimestre 2020 par rapport à la même période en 2019, l’année 2020 s’est terminée par une baisse de 29% du volume d’opportunités d’emploi cadre par rapport à 2019[1]. En janvier-février 2021, la baisse du nombre d’offres d’emploi cadre était toujours de mise, avec toutefois des baisses moins fortes que durant les mois précédents[2].

Au 1er semestre 2020, les offres d’emploi cadre publiées par les entreprises relevant statutairement de l’ESS ont mieux résisté que l’ensemble du marché de l’emploi cadre du secteur privé, avec une baisse de 18% du volume des offres (versus 34% pour l’ensemble du secteur privé). Sur toute l’année 2020, ce sont près de 15 000 opportunités d’emploi cadre qui ont ainsi été publiées, soit 4% de l’ensemble du marché de l’emploi cadre, une proportion relativement stable depuis plusieurs années. A titre de comparaison, ce secteur de l’économie pèse, en volume d’offres d’emploi cadre, autant que les activités juridiques et comptables et près de 50% de plus que le secteur santé-action sociale qui est la seule activité à avoir connu une hausse du nombre d’offres d’emploi cadre en 2020 par rapport à 2019.

Le secteur associatif concentre la majorité des offres d’emploi cadre et une diversité de métiers recherchés, principalement en Ile-de-France.

Près de deux offres d’emploi cadre sur trois émises dans l’ESS émanent d’associations, contre respectivement 15% et 14% pour les coopératives et les mutuelles, et moins de 7% pour les fondations. Cette répartition selon les types d’entreprises relevant statutairement de l’ESS est assez stable depuis plusieurs années, en concordance avec la manière dont les effectifs cadres se répartissent au sein de ces entreprises[3].

L’Ile-de-France est la première région recruteuse de cadres dans l’ESS, avec un peu plus d’un tiers des offres d’emploi cadre, devant Auvergne-Rhône-Alpes. La part de l’ESS dans l’ensemble des offres d’emploi cadre publiées a particulièrement progressé en Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Bourgogne-Franche-Comté, trois régions qui se caractérisent par une présence traditionnellement plus forte de l’ESS dans l’emploi privé et aussi par des activités tirées par les coopératives ou les mutuelles. Leur part y atteint les 5-6%, contre moins de 3% en PACA située en bas de classement.

Les contrats proposés pour des postes de cadres demeurent plus précaires que dans le reste du secteur privé, avec plus de CDD et des salaires moins élevés.

Au premier semestre 2020, la part des contrats proposés en CDD était toujours trois fois supérieure dans l’ESS que dans l’ensemble du marché de l’emploi cadre du secteur privé (16% vs 5%), sans avoir pour autant progressé sous l’effet de la crise économique liée au Covid-19. Egalement, si les salaires proposés dans les offres d’emploi cadre par les entreprises de l’ESS ont légèrement progressé entre 2018 et 2020, ils demeuraient toujours inférieurs à ceux proposés dans l’ensemble des offres (37,5  vs 41,5 K€, en médiane de salaire brut annuel).

Pour cibler et attirer des candidats, les entreprises de l’ESS mettent en avant leurs valeurs humanistes et souvent porteuses d’innovations sociales et techniques.

Commercial, gestion-finance-administration, santé-social-culture et ressources humaines sont les fonctions qui recrutent le plus de cadres dans l’ESS. Aussi, les compétences, qui y sont recherchées, convergent avec celles des autres secteurs d’activité du privé, notamment sous l’effet de la professionnalisation dans de nombreux domaines.

Si, de par leur statut, les valeurs des entreprises de l’ESS prennent des formes diverses, telles que leur vocation sociale, la solidarité, la lutte contre les inégalités ou encore le soutien aux personnes en situation de vulnérabilité, elles servent fréquemment de levier pour cibler et attirer des candidats en étant mentionnées dans les offres d’emploi. Pour les recruteurs, l’adhésion aux valeurs de l’ESS fait partie des critères de recrutement au même titre que la capacité à maîtriser les compétences recherchées, tout comme le fait d’avoir connaissance de l’écosystème de l’ESS.

[1] Apec, « Baromètre des intentions de recrutement et de mobilité des cadres du 1er trimestre 2021 ».

[2] Offres d’emploi cadre publiées sur apec.fr.

[3] Apec, « Les besoins en compétences cadres dans l’ESS », 2019.