Comme souvent le titre de l'ouvrage ne reflète qu'imparfaitement son contenu !

Cet essai clair, concis, lucide est à lire par tous ceux et celles qui sont épris de paix.

L'ouvrage commence par un clin d'œil littéraire avec un commentaire de « L'Illiade », l'ouvrage d'Homère qui raconte les passions de la guerre.

Th. Delpech s'interroge ensuite sur les notions de la durée des conflits, l'importance de l'information ou/et de la désinformation dans la conduite des opérations et l'impact des technologies. L'ampleur de ces différentes notions peut évidemment varier selon les périodes et les acteurs.

L'auteur note également que « la dissuasion nucléaire qui a régné pendant la guerre froide a profondément bouleversé l'idée même des buts de la guerre puisqu'une guerre nucléaire ne doit pas être livrée et ne peut être gagnée : le seul but possible étant le statu quo ». Cependant, poursuit l'auteur, ceci « comporte une leçon : la détention d'armes nucléaires n'est stabilisante que lorsqu'elles sont détenues par des nations qui respectent le statu quo. (...) A l'âge nucléaire la suprématie du politique est décisive, or, à la fin de ce siècle, c'est à une véritable crise du système de décision et plus généralement du politique que l'on assiste ». Cette donnée est fondamentale car « il ne suffit pas de gagner la guerre, il faut encore pouvoir faire la paix ».

Th. Delpech relève de plus différents aspects qui sont loin d'être négligeables dans l'analyse des conflits : la nécessité de connaître les systèmes de valeur de l'adversaire, l'importance de la logistique (transports, données spatiales), la confiance excessive dans les possibilités de la technologie, le « moral », les difficultés du contrôle international (Iraq, Corée du Nord).

Pour la période présente, elle met l'accent sur :

  • les risques liés au terrorisme biologique (intoxication au gaz Sarin dans cinq rames du métro de Tokyo en mars 1995) et les trafics illicites de matières fissiles (ex URSS),
  • le « problème russe » : mélange de problèmes, d'incertitudes et de menaces, qui souffre désormais d'un Etat trop faible,
  • l'avenir de la Chine : l'une des questions capitales pour la sécurité du prochain siècle. Ce pays cumule un contentieux frontalier avec l'Inde et, une insuffisance de matières premières (pétrole - insécurité maritime dans la zône).

Après avoir relevé les principales lacunes européennes dans les domaines opérationnel, du renseignement, de l'intégration des forces, d'une insuffisante vision commune de ses intérêts de sécurité, elle note que si l'euro est un succès celui-ci aura des conséquences positives dans le domaine politique et à terme en matière de sécurité.

Elle souhaite d'ailleurs que des initiatives soient prises afin de développer la sécurité collective sur les deux rives de la Méditerranée (processus dit de Barcelone).

L'un des mérites de ce livre est aussi de mettre l'accent sur l'importance mondiale concernant les inégalités et les injustices : sur six milliards d'habitants que compte la planète 4,5 sont dans le besoin ; 1,5 d'êtres humains ne disposent pas aujourd'hui d'eau potable tandis qu'au plan démographique, en 2020 plus de la moitié de la population mondiale se trouvera en Asie.