Dans cet ouvrage, l'auteur, à travers sa longue expérience de consultant en entreprise, nous relate des épisodes tragi-comiques vécus lors de ses missions et qui sont autant d'exemples à l'encontre d'un modèle de management qui n'existe que dans les livres.

En substance, l'auteur en proie au doute et devenu d'une grande lucidité nous dit que la réalité est tout autre et que les situations relèvent souvent de l'imprévisible. Le management n'est pas une science au service de la réduction de l'incertitude et rien ne fonctionne forcément comme on le voudrait. La crise de confiance s'est substituée aux formules magiques. Notons que la dernière formule à la mode, le reengineering est souvent une nouvelle aubaine pour licencier des salariés sans nuire à la réputation du manager ou du consultant. Or, après avoir « jeté » ses employés, puis ses cadres, l'entreprise jette aussi ses managers : situation paradoxale pour ces dirigeants que l'on exclut de leur entreprise après des rachats, fusions, recentrage des activités ou tout autre moyen d'accroître la compétitivité. A quand la généralisation de l'entreprise virtuelle achetant et vendant des biens immatériels !

La fin du travail concerne aussi les managers et ce livre nous confirme que les années quatre-vingts sont bien loin.

Les gourous n'ont plus qu'à se reconvertir, ils ne résisteraient pas à l'épreuve de la réalité. Car, l'enjeu sous-jacent est dans le sous-titre de l'ouvrage intitulé « Récits du management réel ».

Il pose le problème de la crise du management qui a à voir avec le rejet de la pensée unique, de la modélisation et de la conceptualisation à outrance. Déconnecté du réel, le management s'est réduit à des recettes qui ne fonctionnent plus car les données des problèmes ne sont plus les mêmes.

Il serait temps enfin de revenir à l'idée même du verbemanager : prendre en main, conduire, veiller, mener les affaires et les hommes, donner un cap à l'entreprise. Pour satisfaire à la définition du dictionnaire, le manager doit donc posséder quelques qualités fondamentales qui ont souvent à voir avec le bon sens :

  • ne pas avoir le nez sur le guidon car « l'avenir se construit aujourd'hui »,
  • savoir fixer des objectifs concrets, réalistes et partageables par tous car « faire simple, pas si simple »,
  • être convaincu que la première richesse d'une entreprise, ce sont les hommes car « un avion sans pilote reste au sol ».

Sans avoir recours à Aristote, comme le fait l'auteur à la fin de son livre, on constate que des courants anti-management venant des sciences humaines se développent dans le conseil (des équipes proches de Michel Crozier ont récemment intégré le cabinet Andersen).

La quête de sens au secours du XXIème siècle : enfin une bonne nouvelle !