Quelle est la relation entre le travail domestique et l’activité professionnelle, entre le bricolage et le monde de l’entreprise ? Nous proposons une triple continuité : une continuité, d’abord, historique : le bricolage a une histoire et une origine situable (autour des années 1920-1930), avec des filiations avec l’artisanat rural et le travail ouvrier. Il est la démonstration que des mutations à l’œuvre dans le domaine professionnel influencent la manière de se rapporter aux activités domestiques ; une continuité, ensuite, compensatoire : bien que le bricolage se soit peu à peu domestiqué, il reste une activité qui effectue des compensations vis-à-vis de ce qui fait défaut dans l’activité professionnelle (que ce soit en termes de finalité du travail ou de nature – plus ou moins manuelle – de ce dernier) ; une continuité, enfin, épistémique : s’il existe des rapports de reflet, de symétrie, entre activité professionnelle et nature des « loisirs », on peut très bien comprendre la nature du travail à partir des loisirs de l’individu (de ce qu’il fait dans son temps libéré). À un manque de manualité répond une activité manuelle, à une sédentarité, un voyage en plein air, à une fatigue physique un repos sur les tabourets d’un bar, etc.

Cette triple dimension permet de comprendre pourquoi, d’abord, le bricolage ne touche plus seulement les ouvriers, mais aussi des salariés du tertiaire, et comment, ensuite, ces deux types d’activités se différencient, selon les compensations que l’on veut effectuer par rapport à l’emploi : comme les ouvriers, les professions de cadres et du tertiaire perdent une vision des effets du processus total de production, mais aussi (en plus des ouvriers), une perte de manualité, ainsi qu’une impossibilité d’évaluer la qualité de leur travail autrement que de manière hiérarchique (non plus par les effets du travail – une chaise tient ou ne tient pas –, mais par l’évaluation d’un autre membre du collectif de trava