Alors que le Parlement examine la loi créant la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et l’égalité, ce dossier vient à son heure pour montrer que la lutte contre les discriminations ne peut se réduire à son aspect judiciaire. Cette approche reste nécessaire mais elle ne pourra s’attaquer qu’à la partie la plus visible, et la moins fréquente, des discriminations, comme les situations de racisme avéré par exemple, laissant de côté tous les actes discriminatoires difficilement identifiés. Lutter contre les discriminations suppose donc de dépasser le constat des simples inégalités pour « saisir les processus à l’œuvre dans la relégation ».

Ceux-ci sont souvent « multifactoriels » et « semblent ne relever d’aucune responsabilité personnelle évidente ». L’écheveau des discriminations revêt des formes infiniment variées dans l’univers du travail et renvoie à la responsabilité des individus, des organisations, des systèmes sociaux, des cultures. Dans la discrimination à l’embauche les représentations pèsent d’un poids redoutable. On constate aussi, à côté des discriminations franches, l’existence de ségrégation professionnelle dans les parcours de jeunes femmes du tertiaire et ce, dès le stade de la formation, qui « aboutit à restreindre leur capacité de choix ».

Cependant, agir est possible : tel est le message de ce dossier. Il s’efforce de reprendre les expériences, les actions innovantes menées dans le cadre du programme européen Equal dans la région Rhône-Alpes pour mettre à jour les conditions de réussite de gestion de la diversité. Quatre registres d’intervention sont soulignés : changer les représentations, le travail en partenariat, l’accompagnement des parcours individuels par une mobilisation collective notamment dans l’accès et le retour à l’emploi, l’adaptation des entreprises enfin, pour tirer parti de la diversité des compétences et en particulier de celle des seniors.

Au total, ce dossier est un outil précieux pour aider les militants CFDT engagés contre les discriminations au travail. C’est « un combat quotidien dans chaque entreprise », comme le rappelle l’enquête CFDT de 2004 auprès des salariés présentée lors de la récente conférence annuelle européenne à Riga début octobre.