Les enjeux climatiques et écologiques constituent une attente grandissante chez les salariés, une responsabilité forte pour l’entreprise, et doivent être une priorité pour l’action syndicale. Ils portent les modifications, voire les conditions d’effondrement plus ou moins rapide de notre civilisation. De fait, l’écologie s’impose comme une matrice centrale aux répercussions de plus en plus sensibles sur la vie économique, sociale et individuelle. C’est l’ensemble du monde du travail et des salariés qui est impacté. Ce n’est pas un sujet parmi d’autres. C’est le sujet qui doit définir tous les autres.

Nous, responsables syndicaux, sommes aujourd’hui, de plus en plus interpellés sur ces sujets, que cela soit par des salariés ou par des sections syndicales. La vulnérabilité de notre modèle de société se retrouve également dans les interrogations des directions d’entreprises sur la pérennité de leurs activités économiques mais aussi sur la cohérence, parfois, des choix industriels ou des pratiques par rapport aux contextes sociaux et environnementaux. Nous n’avons pas d’autres choix que de changer de modèle.

La transformation de notre modèle passe par de la planification écologique dans tous nos secteurs

Prenons quelques sujets propres aux champs professionnels de la F3C. Nous pouvons le voir au sein même des comités stratégiques de grands groupes comme La Poste ou Orange. Les impacts climatiques et géopolitiques modifient déjà l’activité des flux de marchandises. Les impacts de l’approvisionnement des ressources et la surconsommation énergétique par l’emballement des usages numériques se répercutent également pour les acteurs de la télécommunication qui sont notamment face aux enjeux futurs du déploiement de la 5G.  Et, c’est également les impacts de l’activité croissante du stockage numérique sur les ressources énergétiques qui peuvent remettre en question la numérisation de nos données et les usages qui en découlent. On ne peut continuer à séparer justice sociale, écologie et choix technologiques. Le syndicalisme doit être dans tous les débats. Un temps de prospective et de planification écologique est nécessaire pour ne pas reproduire éternellement les mêmes erreurs qui nous ont conduits aujourd’hui à une situation sociale et environnementale plus que critique. Nous devons anticiper les grandes mutations à venir pour protéger les salariés et accompagner les transferts de compétences et les nouvelles activités.

Seule une mobilisation collective peut être à la hauteur des enjeux

Plus largement, l’urgence écologique redessine les pratiques et les frontières entre organisations de la société civile. Les enjeux sont multiples, complexes et obligent l’ensemble des acteurs à échanger et travailler ensemble. Seule une mobilisation collective peut être à la hauteur des enjeux. Nous pouvons le voir lors de la mise en place du « Pacte du pouvoir de vivre » et ses 66 propositions. Chacune des organisations a été au-delà de sa zone de confort et de son cœur revendicatif pour pouvoir apporter des solutions globales de manière collective. Cela oblige à de nouveaux types de partenariats et aussi à partager des constats et des grilles de lectures communes avec des organisations qui n’ont pas les mêmes pratiques ni toujours les mêmes centres d’intérêt.

La formation, un outil de transformation sociale et environnementale

La CFDT F3C prend ses responsabilités d’acteur sur son champ professionnel. Les équipes syndicales ont besoin de connaissance et d’outils pour écouter et mobiliser les adhérents et les salariés afin de construire avec eux des actions collectives au sein de l’entreprise. Les salariés impliqués dans ces préoccupations ont également besoin de se sentir soutenus par la CFDT. C’est pourquoi la fédération met en place début 2021 à l’échelle de nos syndicats et de notre organisme de formation C3 un catalogue de formations sur les enjeux écologiques et la RSE. Ce parcours de plusieurs jours ira de la sensibilisation aux enjeux sociaux et environnementaux à l’acquisition d’outils et de compétences pour animer le dialogue social, construire des accords et mobiliser les salariés sur ces sujets. Nous voulons mettre en mouvement nos équipes et les salariés afin d’accélérer la prise de conscience et permettre la transformation sociale et écologique de notre modèle actuel au sein des entreprises.

Si l’objectif est de rendre capables les militants de construire et mettre en œuvre des actions syndicales sur les enjeux sociaux et environnementaux, nous souhaitons également faire venir à l’action collective et à la CFDT des salariés qui souhaitent agir sur ces thématiques. En somme, construire un axe de syndicalisation autour des enjeux écologiques.

S’appuyer sur un réseau militant

La fédération a créé et anime un réseau de « sentinelles vertes » depuis le printemps. Ce groupe de travail réunit des militants et des élus, capables de faire remonter les actions existantes au sein de la CFDT et relayer les initiatives au local. Mais ce sont également des relais actifs pour animer les formations et permettre l’acculturation des sujets environnementaux dans toute l’organisation. Enfin c’est également une force en mouvement pour mettre en œuvre des animations et construire collectivement des cahiers revendicatifs et des actions concrètes au sein des entreprises avec les salariés.

Il faut syndicaliser la RSE

Le sujet de la RSE a bien souvent été confisqué par les directions d’entreprise, via un service dédié « RSE », un service de communication opportuniste ou une DRH. Ce sont pourtant des sujets qui doivent devenir centraux dans chaque entreprise et qui doivent être portés de manière contradictoire par le dialogue social. Pour cela, il faut syndicaliser la politique RSE. Nous construisons des outils pour nos équipes syndicales dans le cadre des négociations RSE dans les entreprises et rappelons que nos élus peuvent s’appuyer sur les prérogatives environnementales existantes au sein des CSE.

C’est un travail sur le long terme qui s’enclenche depuis le début de cette année pour les syndicats de la F3C pour construire une dynamique « verte » à différents niveaux : avec nos sections syndicales, auprès des salariés, dans nos négociations de branches, avec nos partenaires de la société civile.