Dans le dernier numéro de Cadres CFDT, en mai, Françoise Piotet posait la question des compétences des militants et responsables syndicaux et de leur qualification, leur activité étant « une forme de connaissance incommensurable du social » entendu au sens global de ce terme. La dernière livraison d’Education permanente apporte des réponses multiples.

Il faut noter qu’en trente-quatre ans d’existence, cette revue n’avait jamais traité de la formation syndicale. Pas plus d’ailleurs que les autres publications du champ. Tout au plus quelques articles ont été livrés, ça et là. La bibliographie est vite établie. Le dernier écrit conséquent tentant un état des lieux date de 1976. Depuis, on ne recense que de la littérature grise : quelques thèses et mémoires universitaires, et des travaux peu diffusés. La formation syndicale semble ainsi ignorée du monde de la formation, or elle en fait partie intégrante. Elle a pesé dans l’histoire ; elle repose sur un droit et des institutions dédiées ; elle s’inscrit dans une fonction sociale précise : contribuer à la démocratie économique et sociale ; elle porte des problématiques qualitatives spécifiques ; elle joue sur des quantitatifs impressionnants. Le ministère du Travail la subventionne à hauteur de 35 millions d’euros.

Le monde de la formation syndicale méconnaît celui de la formation professionnelle continue pour une raison simple. Ici, la formation est d’abord l’affaire de militants, pas de professionnels, dont on se méfie. Mais les problématiques actuelles de la formation se posent dans la formation syndicale aussi, dans des termes similaires, et les questions que se posent les militants de la formation syndicale sont parfois aussi celles que se posent les professionnels de la formation. Ce numéro d’Education permanente ne fait pas un point exhaustif sur un champ aussi vaste et aussi complexe. Il veut d’abord réparer un oubli, passé et présent. Peut-être permettra-t-il aussi de construire quelques passerelles.

Y. Palazzeschi, : De l’éducation ouvrière à la formation syndicale

H. Lenoir, S’éduquer pour acquérir la science de son malheur

N. Terrot, L’éducation ouvrière dans l’entre-deux-guerres

M. Geoffroy, L’institutionnalisation de la formation syndicale

Etat des lieux des pratiques et des questionnements

P.E. Tixier, Quelle nouvelle donne pour le syndicalisme ?

P. Lepeu, La formation syndicale à la CFDT ou la permanence d’une ambition

C. Cambus, La formation syndicale à la CFE-CGC

J.F. Vanneste, La formation syndicale à la CFTC

J. Thibault, Enjeux et évolutions de la formation syndicale à la CGT

J. Jayer, La formation syndicale à la CGT-FO

H. Célié, La formation syndicale des Solidaires

M. Le Gal, L’UNSA et la formation syndicale

S. Cordellier, La « promotion collective agricole », un dispositif peu connu

N. Guilbaud, Le rôle de l’Etat dans la formation économique, sociale et syndicale

C. Sachs-Durand, L’engagement des universitaires pour la formation syndicale : le réseau des instituts du travail