Dans la résolution du congrès de la CFDT Cadres en 2005, considérant la plus-value économique apportée par les stagiaires ayant acquis un certain niveau de formation, nous souhaitions une véritable indemnisation des stages en entreprise, indemnisation soumise à cotisations qui ouvrent ainsi des droits notamment en termes de retraite. Le congrès confédéral de la CFDT à Grenoble (2006) a confirmé cette orientation.

Sans contester leur premier objet qui reste celui d’un processus de formation, nous devons prendre en compte le développement des stages en entreprise, l’implication réelle des étudiants stagiaires dans le travail qui leur est confié et reconnaître celle-ci par une rétribution significative, qui ouvre des droits sociaux et qui soit contractualisée de façon transparente. Il ne s’agit pas de favoriser telle ou telle catégorie de jeunes mais de prendre en compte une période qui s’intègre dans le début du parcours professionnel et s’apparente malheureusement dans certains cas à du travail dissimulé. Ceci est particulièrement vrai pour le stage de fin d’études où le prétendu étudiant-stagiaire participe concrètement à la production de l’entreprise et effectue de fait une période d’essai non rémunérée. C’est bien dans ce contexte de plus-value économique que se situe notre revendication.

Etudiants salariés

Mais la question des stages n’épuise pas la question du travail étudiant. Il faut rappeler en effet que la situation d’étudiant-salarié s’est fortement développée au cours des vingt dernières années. Plus de la moitié des étudiants exercent aujourd’hui un job rémunéré pendant leurs études. L’un des membres du groupe CFDT au Conseil économique et social vient de rédiger un rapport sur le sujet.

Le travail pendant les études correspond au rapprochement de deux intérêts : celui des étudiants motivés par des raisons financières mais aussi celui des entreprises à la recherche de disponibilité et de souplesse pour certains emplois. Souvent abordé comme une contrainte, le travail étudiant peut être une donnée positive qui n’impacte pas la réussite scolaire s’il reste en dessous d’un certain seuil hebdomadaire. Ce travail ne doit pas être considéré systématiquement comme une réponse palliative à défaut d’aides sociales mais peut aussi faire l’objet d’approche valorisante. Ces expériences professionnelles permettent de découvrir le monde de l’entreprise et la situation de travail professionnel et peuvent venir confirmer ou infirmer le choix d’orientation. Une telle expérience, quel que soit le secteur d’activité et le niveau d’emploi occupé, constitue un plus apprécié par les recruteurs. Le rapport du Conseil économique et social note que le fait de travailler durant les études est corrélé avec une division par trois du taux de chômage trois ans après la sortie d’études.

Plus largement la question du travail des étudiants met en lumière l’existence du phénomène des transitions professionnelles par le développement des situations de cumul emploi-études. Il semble donc important de trouver un équilibre dynamique entre études et travail salarié dans l’intérêt commun des étudiants, des entreprises et des établissements de formation.

Tous ces éléments conduisent à considérer que l’articulation études-travail évolue. Dans un contexte où l’allongement de la vie professionnelle est inéluctable, il est nécessaire de considérer aussi cette évolution sous l’angle des droits sociaux. Or aujourd’hui la succession de petits jobs, de stages non rémunérés ne permet pas aux jeunes d’acquérir des droits pour une retraite future alors même que le nombre d’années à valider sera plus important pour eux. La rémunération des stages dans ce contexte est donc une vraie question d’avenir sur laquelle les jeunes nous attendent.